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La satire des métiers ou papyrus de Kheti

La satire des métiers a été composée par le scribe Khéti pour son fils Pépi au début de la XIIe dynastie.

Le choix d'un métier

Il lui dit donc : « j’ai vu celui que l’on battait, oui, j’ai vu celui que l’on battait ; aussi, place ton cœur à la suite des livres. J’ai contemplé celui qui était délivré des travaux manuels ; vois-tu rien ne surpasse les livres ; c’est comme un bateau sur l’eau. Lis jusqu'à la fin le livre de Kemyt, tu trouveras en lui cette sentence qui dit : le scribe, toute place dans la Résidence est sienne ; et il n’y est pas pauvre.

Celui qui exécute le désir d’un autre, il ne pourra sortir satisfait. Je ne vois pas de fonction comparable à celle de scribe, dont il puisse être question dans ce discours (que je tiens).Je voudrais faire en sorte que tu aimes les livres plus que ta mère, et je voudrais que leur beauté pénètre ton visage. Etre scribe est la plus grande de toutes les professions, il n’y en a point de semblable dans le Pays. Lorsqu’il a commencé de grandir même s’il est encore un enfant, déjà on le salue ; on l’envoie pour transmettre des messages, et il ne revient que pour vêtir le tablier, je n’ai jamais vu de sculpteur en mission, ni d’orfèvre que l’on dépêchât.

Mais j’ai vu le forgeron au travail, à la gueule de son four ; ses doigts sont comme de la peau de crocodile, et il sent plus mauvais que des œufs de poissons.

Chaque menuisier qui empoigne l’herminette est plus fatigué que ceux qui manient la houe ; son champ, c’est le bois, et sa houe (à lui) est en cuivre. Durant la nuit, lorsqu’il est libéré, il travaille encore, au-delà de ce que ces bras peuvent faire ; pendant la nuit, il brûle la chandelle.

Le tailleur de pierre découpe excellemment toutes sortes de pierres dures ; mais lorsqu’il a terminé, soucieux de bien faire, ses bras ont péri, il est épuisé ; il s’assied, au crépuscule, ses genoux et sa colonne vertébrale sont ployés. Le barbier rase jusqu’au limites du soir ; lorsqu’il se rend à la ville, ils e place dans son secteur et il va de rue en rue cherchant qui raser. Il use ses bras pour emplir son ventre, comme l’abeille qui se nourrit en travaillant.

L’arracheur de papyrus remonte le fleuve vers les marais, afin de couper pour lui les tiges (littéralement les flèches) ; lorsqu’il a travaillé au-delà de ce que ses bras peuvent faire, les moustiques l’ont massacré, les mouches des sables l’ont tué, il va mal, il est rompu.

Le potier (vit) sous sa marchandise, bien qu’il soit toujours debout parmi les vivants ; il arrache, pour lui, les plantes, plus qu’un porc afin de faire chauffer ses pots. Ses vêtements sont raides de limon, sa ceinture est en lambeaux. L’air qui entre dans son nez sort, brûlant, du feu. Lorsqu’il fait le pilon avec ses pieds, il en est lui-même écrasé. Puis il pénètre dans la cour de chaque maison et parcoure les rues.

Je te parlerai encore du maçon ; ses reins sont douloureux ; ile st dehors, en plein vent ; il travaille sans tablier ; sa ceinture est simplement une corde pour la taille et qui pend par-derrière ; ses bras ont pratiquement disparu, mélangés qu’ils sont à toutes sortes de souillures. Lorsqu’il mange du pain, il lave ses doigts.

Cela va mal aussi pour le charpentier, lorsqu’il travaille le bois. Dans le cas de la couverture d’une maison, dans une maison de 10 coudées sur six, un mois passe encore après que les poutres qui ont été posées, afin que soient mis en place les châssis et les chambranles ; ensuite tout son travail, à lui, est accompli. Mais les aliments qu’il rapporte chez lui ne sont pas suffisants pour que ses enfants prennent force.

Quand au jardinier qui transporte la grande perche, ses épaules sont accablées, comme par le grand âge ; son cou présente un énorme gonflement purulent, il passe ainsi la matinée à arroser les légumes, le soir ce sont (d’autres) plantes, après que , à midi il a travaillé au verger ; lorsqu’il arrive le temps du repos, il est mort. Le renom de cette profession est qu’elle est la plus difficile de toutes.

Le travailleur des champs se plaint que la pintade,et ses cris sont plus forts que ceux du corbeau. Ses doigts sont enflés, chargés d’une excessive puanteur. Il se fatigue près des marais de sorte qu’il est brisé. Il se sent aussi bien que peut se sentir un homme parmi les lions ; la souffrance est son lot, car la corvée est souvent triplée. Lorsqu’il revient chez lui, le soir, la marche l’a rompu.

Le tisserand, dans son échoppe, il est plus mal qu’une femme ; ses genoux sont (remontés) jusqu’à son cœur, et ne peut pas respirer les brises. Lorsqu’il a gaspillé un jour -n’ayant pas tissé – il est frappé de cinquante coups de fouet. Il doit donner quelques aliments au potier, pour qu’il lui permette de voir la lumière.

Le chasseur souffre beaucoup lorsqu’il va au désert. Ce qu’il donne à son âne est plus important que ce que lui rapporte son travail ; important aussi est ce qu’il doit donner aux bergers des marais pour qu’ils lui indiquent son chemin. Lorsqu’il revient le soir, chez lui, la marche l’a brisé.

Le courrier partant pour les pays étrangers lègue ses biens à ses enfants, par craint des lions et des Asiatiques. Il reprend conscience, (seulement) lorsqu’il est de nouveau en Egypte ; lorsqu’il s’approche de sa maison, le soir, le voyage l’a rompu. Et, que sa maison soit de toile ou de brique il ne revient pas e cœur paisible.

Le chauffeur, ses doigts sentent mauvais, leur odeur est celle des cadavres ; ses yeux sont enflammés par l’abondance de la fumée, et il ne peut chasser la saleté qu’elle provoque. Il passe sa journée à couper des roseaux ; ses vêtements sont pour lui un dégoût. Le cordonnier, cela va mal pour lui aussi. Il doit éternellement mendier ; il se sent bine comme se sentirait celui qui serait au milieu de cadavres ; ce qu’il se met sous la dent c’est le cuir.

Le blanchisseur lave sur la rive, il est proche des crocodiles. Tandis que le père sort sut l’eau en crue, son fils ne peut s’approcher de lui. Ce ne doit pas être un métier satisfaisant à tes yeux, ni la plus distinguée de toutes les professions. En effet, la nourriture du blanchisseur est mêlée à toutes sortes de souillures, et aucune partie de son corps n’est propre, cat on lui donne (à laver) les vêtements de femmes ayant leurs menstrues. Il pleure, passant la journée à manier le pilon, la pierre étant à coté de lui. On lui dit : eh ! le nettoyeur de saletés, viens jusqu'à moi, car la rive est glissante à cause de toi.

L’oiseleur souffre beaucoup ; lui, il n’a pas de raison de plonger, mais il regarde vers le ciel. Lorsque les oiseaux des marais passent au dessus de lui, il dit : Ah ! si j’avais un nid. Mais Dieu ne permettra pas que cela lui arrive. Et il demeure mécontent de son état.

Je te parlerai aussi du pêcheur, c’est le plus mauvais des métiers. Vois, il n’existe pas de travail sur le fleuve où l’on soit ainsi mêlé aux crocodiles. Lorsque vient le moment de régler les comptes, alors ce sont lamentations ; il n’osera pas dire que c’était un crocodile qui était là et qui, en surgissant de l’eau en crue, l’a aveuglé de crainte, il dira : c’est la puissance de Dieu.

Vois-tu, il n’y a pas de métier qui soit exempt d’un chef, sauf celui de scribe, car c’est le scribe qui est son propre chef. Si tu connais les livres tout ira très bien pour toi ; il ne doit pas y avoir d’autres métiers à tes yeux. Vois, quant à moi, je suis un homme de petite naissance ; mais on ne dira pas d’un tel homme que c’est un paysan. Alors, fais bien attention. Vois tu ce que je fais pour toi en descendant le fleuve vers la Résidence, je le fais par amour pour toi. Un seul jour dans l’école te sera profitable, mais son travail (comme) les montagnes dure l’éternité….je vais te dure encore d’autre chose qui te permettront d’apprendre et de savoir.

Le savoir vivre des honnêtes gens.

Si tu te tiens en un lieu où l’on se bat, ne t’approche pas de ceux qui se battent.

Si une réprimande te choque, qui t’enflamme le cœur (de colère) et que tu ne connaisses pas le moyen de repousser cette chaleur, alors prends à témoin les assistants et réponds après un temps de délai.

Si tu marches derrière de hauts personnages, ne t’approche pas, mais tins-toi éloigné, comme un homme qui a connaissance de ce qui est bien.

Si tu entres dans la maison d’un seigneur, et qu’il soit occupé avec un autre homme (venu) avant toi, assieds-toi, la main devant la bouche, et ne demande rien auprès de lui ; agis conformément à ce qu’il te dit et évite de t’approcher de la table.

Sois un homme de poids, pourvu de dignité. Ne parle pas de choses secrètes : celui qui cache son ventre se fait un bouclier. Ne prononce pas non plus de paroles irréfléchies lorsque tu sièges avec un supérieur.

Si tu sors de l’école, après que l’on a annoncé midi, tandis que tu marches dans le vestibule de l’établissement, discute encore de la fin de chaque leçon( ?).

Si un grand personnage te dépêche avec un message, répète le bien comme il te fut dit ; ne retranche rien, n’ajoute rien non plus. Mais celui qui omet la louange, son renom ne durera pas. Celui qui est habile dans toutes ses démarches, rien ne lui sera caché, il ne sera tenu éloigné d’aucune place.

Ne dis pas de mensonge contre ta mère, c’est l’abomination des grands. En effet, le fils qui accomplit des choses utiles, toutes ses actions rassemblées sont à son côté. Ne commet pas le mal avec un homme méchant ; cela serait pénible pour toi lorsqu’on l’entendra.

Si tu as mangé trois pains et bu deux pots de bière, sans pour cela avoir atteint les limites de ton ventre, maitrise-toi. Si un autre (continue) à se rassasier, ne reste pas là debout et évite de t’approcher de la table. Vois tu, il est bon aussi que l’on t’envoie souvent afin d’écouter les discours des grands. Ainsi les enfants (bien nés) de l’Egypte façonneront ton caractère, tandis que tu marcheras sur leurs pas.

Etre scribe.

Le scribe est considéré comme un homme qui écoute, et celui qui écoute devient un homme qui agit(=responsable). Tu te lèveras aux paroles de bienvenue, tu marcheras tranquillement, ton cœur ne lésineras pas. Tu seras en compagnie de chefs, et tes amis seront des hommes de ta génération. Vois, je t’ai placé sur le chemin de Dieu. C’est la richesse du scribe que son coude, dès le jour où il a été mis au monde. Lorsqu’il arrive dans la salle d’audience du tribunal, les hommes agissent pour lui.

Vois, aucun scribe ne manque de nourriture, ni de biens appartenant au Palais royal vie-santé-force. La place assignée au scribe le met en tête du tribunal.

Adore Dieu pour ton père et ta mère qui t’ont mis sur le chemin de la vie.

Voilà ce que j’expose devant toi et les enfants de tes enfants. »

Article écrit par Myriam


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