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La bataille de Kadesh

Lorsque Ramsès II devint roi après le décès de son père Sethi Ier, la situation en Asie est menaçante. Mouwatalli, roi hittites, avait noué des contacts et des alliances avec plusieurs peuples d'Asie Mineure et de Syrie du Nord, dans le but de faire un bloc contre l'Egypte et de l'envahir.

Chaque peuple veut l'accès à la mer et le contrôle de cet accès. L'Egypte dominait de nombreux pays mais ceux-ci ont préféré faire alliance avec les Hittites.

La bataille de Kadesh est la première bataille dont on ai retrouvé la trace de la stratégie employée.

Durant la 5ème année de son règne, l'armée quitte la capitale Pi-Ramsès pour Kadesh ; et ce après avoir pris connaissance de l'avis de ses conseillers.

Sous Ramsès une expédition guerrière commençait de la manière suivante :

Distribution des armes et équipements, qui consistaient en tunique, chemise, cuirasse, jambière de cuir, casque, petites haches à doubles tranchants, le reste des armes étaient distribuées avant la bataille.

Ramsès partit donc avec 4 divisions égyptiennes :

La division d'Amon

La division de Rê

La division de Ptah

La division de Seth

Et une division étrangère.

Chaque division avait reçu ses plans de bataille avant le départ de Pi-Ramsès, l'intendance chargée de ravitaillé en nourriture de base, bivouac suivait le avec le matériel dans des chariots tirés par des bovidés et des ânes.

Un mois jour pour jour ils arrivent devant Kadesh, ils firent prisonniers 2 bédouins qui informèrent Ramsès que les hittites étaient loin de Kadesh, près d'Alep. L'armée peut donc avancer. Ramsès tomba dans le piège et continue sa route avec la division d'Amon en laissant les autres divisions derrière et établit son camp sans précaution particulières.

Les hittites attaquent la division de Rê en pleine progression et donc totalement désorganisée. Une autre attaque contre la division d'Amon crée le désordre Ramsès se défend avec les chars de sa garde personnelle mais il fallut attendre la division de Ptah et de Rê pour repousser les chars hittites. La bataille est gagnée par Ramsès mais Kadesh reste aux mains des hittites.

Après avoir frôler la déroute Ramsès tient un siège devant la ville, mais Kadesh tient bon, la guerre entre les deux pays durera 17 ans et elle aboutira finalement à un traité de paix.

Cette paix fut scellé par un mariage entre Ramsès et la fille du roi hittite Hattousa, le mariage eu lieu en -1262.

Le poème de Pentaour décrit en détail cette bataille :

Le poème de Pentaour

Extrait de l'ouvrage de Claire Lalouette, Textes sacrés et textes profanes de l'Egypte Ancienne (Tome 1) Gallimard, 1989.

Commencement (du récit) de la victoire que le roi de Haute et Basse Egypte Ousermaâtrê-Sétepenrê, le fils de Ré Ramsès-aimé-d'Amon, a remporté contre le pays du Hatti, le pays de Naharina, le pays d'Arzawa, contre les Pédasiens, contre les Dardaniens, contre le pays de Mysie, contre le pays de Cilicie et la Lycie, contre Karkhemish, Kode, le pays de Kadesh, contre le pays d'Ougarit et Mesheneth.

Louange au jeune roi

Sa Majesté était alors un jeune seigneur, un héros, sans égal ; ses bras étaient puissants, son coeur était vaillant, sa force était comparable à celle de Montou en son heure, sa forme était parfaite comme celle d'Atoum, et l'on se réjouissait de voir Sa beauté. Grandes sont ses victoires sur tous les pays étrangers ; on ne sait pas quand il s'apprête à combattre. Il est une muraille efficace auprès de ses soldats, leur bouclier au jour de la bataille ; il est un archer sans pareil, plus fort que des centaines de milliers réunis. Lorsqu'il est en marche, son visage divin pénètre des multitudes nombreuses, car son coeur est plein de sa force.

Puissante est Sa poitrine à l'heure de la mêlée, telle une flamme au moment où on l'attise ; ferme est son courage, semblable à celui d'un taureau prêt au combat ; il connaît l'ensemble des pays. Un millier d'hommes ne saurait tenir durablement devant lui, et des centaines de mille s'évanouissent quand ils le voient. Il est le seigneur de la crainte, dont les cris de guerre pénètrent au coeur de toutes les terres, si grand est son prestige, si puissante la terreur qu'il inspire, tel le dieu Soutekh sur la montagne. Il pénètre dans le coeur des étrangers, comme le lion dans une vallée (où paît) le bétail. Partant en force, il revient en triomphe. En sa présence, on ne dit pas de vantardise. Efficaces sont ses plans, parfaits ses ordres ; et sa parole est toujours trouvée la meilleure. Il secourt son infanterie le jour du combat, protège grandement sa charrerie ; il ramène ses compagnons, aide ses soldats ; son coeur est comme une montagne de cuivre, lui, le roi de Haute et Basse Egypte Ousermaâtrê-Sétepenrê, le fils de Rê Ramsès-aimé-d'Amon, doué de vie, pour l'éternité et l'infinie durée, comme son père Rê.

Départ pour la guerre

Sa Majesté avait préparé son infanterie et sa charrerie, et les Shardanes, qui appartenaient au butin qu'il avait ramené des campagnes victorieuses (dues à) son bras vaillant. Ils furent pourvus de leurs armes, et on leur donna leur ordre de combat. Alors Sa Majesté se dirigea vers le nord, son infanterie et Sa charrerie avec lui, et il prit heureusement la route, en la cinquième année de son règne, le deuxième mois de la saison Chemou, - le neuvième jour - vers ce vil pays du Hatti, lors de Sa seconde campagne victorieuse. Sa Majesté dépasse la forteresse de Tjarou, puissant comme Montou en son heure ; tous les pays étrangers tremblent à Son approche : leurs princes lui offrent leurs tributs, les rebelles viennent, courbés, à cause de la crainte que Sa gloire inspire. Son armée marche en d'étroits défilés aussi aisément que sur les routes de l'Egypte.

Après que des jours se furent écoulés, Sa Majesté se trouvait dans la ville appelée Ramsès-aimé-d'Amon, une ville qui était dans la vallée du Cèdre. Il se dirige alors vers le nord ; après qu'il eut atteint la colline de Kadesh, il marche droit devant lui, tel Montou, le seigneur de Thèbes, et traverse le gué de l'Oronte, - la première armée d'Amon étant avec lui - lui, le vaillant, le roi de Haute et Basse Egypte Ousermaâtrê-Sétepenrê, Vie-Santé-Force, le fils de Rê Ramsès-aimé-d'Amon, Vie-Santé-Force.

Devant Kadesh

Sa Majesté parvient alors à la ville de Kadesh. Le vil ennemi du Hatti avait rassemblé autour de lui tous les pays étrangers, jusqu'aux confins de la mer : le pays du Hatti était venu tout entier, le Naharina de même, l'Arzawa, les Dardaniens, Keshkesh, la Mysie, les Pédasiens, Harran, la Cilicie, la Lycie, le Kizzuwattna, Karkhemish, Ougarit, Kode, le pays de Neges tout entier, Mesheneth et Kadesh. Il n'avait laissé aucun pays qu'il n'ait amené parmi toutes ces lointaines contrées ; leurs chefs étaient là avec lui, chacun avec son infanterie et sa charrerie ; une formidable multitude, sans pareille. Ils recouvraient les collines et les vallées, ils ressemblaient à des sauterelles, à cause de leur grand nombre. Il n'avait laissé aucun argent dans son pays, il en avait dépouillé toutes ses possessions, pour le donner à l'ensemble des contrées étrangères, afin de les amener à combattre avec lui. Et maintenant, ce vil ennemi du Hatti, avec la multitude des pays qui étaient avec lui, se tenait caché, prêt à combattre au nord-ouest de la ville de Kadesh.

Sa Majesté se trouvait alors entièrement seul, avec ses compagnons ; personne d'autre n'était avec lui. L'armée d'Amon marchait derrière lui ; l'armée de Rê traversait le gué proche de la ville de Shabtouna, au sud, à la distance d'un iter de l'endroit où se trouvait Sa Majesté ; l'armée de Ptah était au sud de la ville de Irouama ; et l'armée de Seth marchait encore sur le chemin. Sa Majesté avait également constitué une compagnie, comprenant les guerriers d'élite de son infanterie ; elle se trouvait sur le rivage du pays d'Amourrou.

Mais ce vil ennemi du Hatti, qui se tenait au milieu de ses soldats, ne sort pas encore pour combattre, à cause de la crainte que Sa Majesté inspire. Pourtant il a fait venir des hommes et des chevaux extrêmement nombreux, autant que les sables ; sur un char, il y a trois hommes, et l'on a réuni là tous les meilleurs soldats de ce vaincu du Hatti, équipés avec toutes sortes d'armes de guerre, innombrables. Voyez, ils se tiennent là, prêts au combat, dissimulés au nord-ouest de la ville de Kadesh.

Les Hittites attaquent

Soudain, ils surgissent, venant de la partie sud de Kadesh ; ils attaquent l'armée de Rê en son centre, alors que celle-ci marchait, ignorant leur présence et n'étant pas prête au combat. L'infanterie et la charrerie de Sa Majesté faiblissent devant eux. Cependant le roi avait établi son camp au nord de la ville de Kadesh, sur la rive occidentale (sic) de l'Oronte ; on vint lui dire (ce qui s'était passé).

Alors Sa Majesté se lève, tel son père Montou ; après avoir saisi sa parure de combat, il revêt sa cotte d'armes ; il est comme Baal en son heure. Le grand attelage qui porte Sa Majesté s'appelle "Victoire-dans-Thèbes", et appartient à la grande écurie de Ousermaâtrê-Sétepenrê, aimé d'Amon. Il se lance au galop et pénètre au milieu des ennemis, venus du Hatti. Il est complètement seul, personne d'autre n'est avec lui. Il s'avance pour regarder derrière lui et découvre alors que deux mille chars l'encerclent, barrant le chemin vers l'extérieur, des chars montés par les guerriers de ce vil ennemi venu du Hatti et ceux de nombreuses autres contrées qui sont avec lui, venant de l'Arzawa, de Mysie, de Pidisie, de Keshkesh, d'Iroun, du Kizzuwattna, d'Alep, d'Ougarit, de Kadesh, de Lycie ; ils étaient trois hommes réunis sur un char.

Seul contre tous : la prière d'un guerrier solitaire:

"Aucun chef n'est avec moi, aucun charrier, aucun commandant d'infanterie, aucun porteur de bouclier. Mon infanterie et ma charrerie sont comme un butin devant eux, aucun de mes soldats ne se tient ferme pour combattre. Sa Majesté dit encore : "Que t'arrive-t-il donc, ô mon père Amon? Est-ce qu'un père peut oublier son fils ? Est-ce que ce que je fais est chose que tu ignores ? Est-ce que je n'ai pas marché ou fait une pause selon ton ordre, sans jamais désobéir au dessein que tu m'as assigné ? Combien est grand le seigneur de l'Egypte, (trop grand) pour permettre à des étrangers d'apparaître à l'orée de son chemin. Que sont pour toi ces Asiatiques, ô Amon ? Des êtres vils qui ne connaissent pas Dieu.

N'ai-je pas construit pour toi de nombreux et grands monuments et empli ton temple de captifs ? Pour toi, je bâtis mon monument de millions (d'années) te donnant aussi tous mes biens en propriété. Vers toi, je conduis toutes les terres rassemblées pour nourrir tes divines offrandes. Je fais en sorte que l'on t'apporte des dizaines de milliers de boeufs en même temps que toutes sortes de fleurs aux douces senteurs. Je n'ai pas laissé le Bien "derrière ma main", en n'agissant pas dans ton sanctuaire. Pour toi, j'ai construit de grands pylônes en pierre et j'ai moi-même érigé leurs mâts. A toi, j'ai apporté des obélisques d'Eléphantine, et c'est moi qui ai convoyé la pierre. Pour toi, des bateaux voguent sur la Très Verte afin de t'apporter les tributs des pays étrangers. Est-ce qu'on pourra dire ? C'est une chose de peu d'importance qui arrive à celui qui se plie à tes desseins ? Fais le Bien à celui qui compte sur toi ; alors on agira envers toi avec un coeur toujours aimant.

Je t'appelle, ô mon père Amon. Je suis au milieu d'ennemis innombrables que je ne connais pas ; tous les pays étrangers sont unis contre moi, et je suis seul, absolument, sans personne d'autre avec moi. Mon infanterie m'a abandonné et aucun des soldats de ma charrerie n'a regardé vers moi. Je crie vers eux, mais aucun d'eux ne m'entend lorsque je les appelle. Mais je m'aperçois qu'Amon vaut mieux pour moi que des millions de soldats, plus que des centaines de milliers de chars, plus que dix mille hommes, des frères et des enfants, réunis en un même coeur. L'effort d'hommes nombreux ne sert de rien, Amon est plus utile qu'eux. J'ai atteint ce lieu sur le conseil donné par ta bouche, ô Amon, et ne l'ai point transgressé. Je fais cette prière aux confins des contrées étrangères, mais, déjà, ma voix roule vers Hermonthis.

Amon répond à son appel:

Alors, je m'aperçus qu'Amon venait à mon appel ; il me donne sa main ; je suis joyeux ; derrière moi il s'écrie : "Face à face avec toi, Ramsès-aimé-d'Amon ! Je suis avec toi, c'est moi ton père, ma main est avec ta tienne. Je vaux plus que des centaines de milliers d'hommes, moi, le maître de la victoire, qui aime la vaillance."

Je découvre alors que mon coeur est fort, ma poitrine joyeuse, tout ce que j'entreprends se réalise. Je suis comme Montou. Je lance des flèches de la main droite, j'empoigne de la gauche. Je suis comme Soutekh en son heure devant eux. Soudain je m'aperçois que les 2500 chars, au milieu desquels j'étais, gisent dispersés devant mes chevaux ; aucun, parmi eux, n'a trouvé d'aide pour combattre, et leurs coeurs en leurs corps ont faibli, à cause de la crainte que j'inspire ; leurs bras défaillent, ils ne savent même plus tirer à l'arc et ils ne trouvent pas la force (nécessaire) pour se saisir de leurs lances. A cause de moi, ils plongent dans l'eau comme plongent les crocodiles ; ils tombent sur leurs visages, l'un sur l'autre, et je tue, parmi eux, qui je veux. Aucun ne regarde derrière lui, aucun autre ne se retourne, aucun de ceux qui sont tombés ne se relèvera.

Le prince du Hatti, qui se tenait au milieu de son infanterie et de sa charrerie regardait le combat que Sa Majesté menait en solitaire, sans infanterie ni charrerie. Il se tenait là, se retournant, déconcerté, apeuré. Il fit alors venir d'(autres) princes nombreux, chacun avec sa charrerie, équipés de leurs amies de combat : le prince d'Arzawa, celui de Mysie, le prince d'Harran, celui de Lycie, celui des Dardaniens, le prince de Karkhemish, le prince de Kerkhesh, celui d'Alep, et les frères du prince du Hatti, formant un tout unique ; au total : 2 500 chars, qui se précipitent droit contre le feu.

Dans le feu du combat

"Je charge contre eux (à mon tour), je suis semblable à Montou, je fais qu'ils éprouvent la force de ma main, durant l'accomplissement d'un instant ; je les massacre, je les tue à l'endroit où ils se trouvent ; chacun d'eux dit à son compagnon: "Ce n'est pas un homme qui est parmi nous, c'est Soutekh à la grande vaillance, c'est Baâl lui-même. Ce n'est pas l'action d'un homme qu'il accomplit, mais celle d'un être unique, qui a le pouvoir de défaire des centaines de milliers sans (l'aide d') une infanterie et d'une charrerie. Allons vite, fuyons devant lui afin de rechercher pour nous la vie et de sentir (à nouveau) les brises. Voyez, celui qui s'avance pour l'approcher, Sa main devient faible et tout son corps (se paralyse) ; on ne sait plus se saisir d'un arc ni d'une lance lorsqu'on le voit s'avançant au galop sur le chemin." Cependant, Sa Majesté est derrière eux comme un griffon : "je tue parmi eux et n'en néglige aucun."

Reproches

"Je donne de la voix pour appeler mon armée, disant : Soyez fermes, soyez fermes de coeur, mon infanterie et ma charrerie ! Contemplez la victoire que j'ai remportée, seul ; Amon était mon protecteur, Sa main était avec la mienne. Combien lâches sont vos coeurs, mes charriers ! il est inutile, certes, d'avoir confiance en vous ; pourtant, il n'y en a pas un seul d'entre vous à qui je n'aie fait du bien dans mon pays. Ne me suis-je pas levé en ma qualité de seigneur royal, alors que vous n'étiez encore que des petits ? J'ai permis que vous deveniez des chefs, grâce à ma puissance, chaque jour. J'ai placé le fils sur les biens de son père ; j'ai chassé tout le mal qui était dans le pays d'Egypte. Je vous ai exemptés d'impôts, je vous ai rendu d'autres biens qui vous avaient été enlevés. A quiconque me présentait une requête, oui, je le ferai, disais-je, chaque jour. Aucun seigneur n'a accompli pour ses soldats ce qu'a fait Ma Majesté, selon vos désirs ; j'ai fait que vous résidiez dans vos maisons et dans vos villes, sans que vous accomplissiez un service d'officier. Il en est de même pour mes charriers ; je leur ai donné le chemin des villes, pensant : je les trouverai aussi au jour et à l'heure de rejoindre le combat.

Mais, voyez, tous réunis comme un seul, vous avez commis une action lâche; pas un seul homme d'entre vous n'est resté debout, (pas un) n'a placé sa main avec la mienne tandis que je combattais. De même que se perpétue le Ka de mon père Amon, ah ! Puissé-je être en Egypte, semblable à mes pères qui n'avaient pas vu les Syriens, et n'avaient pas combattu avec eux, en voyageant. Pas un seul d'entre vous n'est venu, qui puisse parler ensuite de son service, lorsqu'il sera (de retour) au pays d'Egypte. Quelle belle action pour celui qui a élevé de nombreux monuments à Thèbes, la ville d'Amon ; mais la lâcheté qu'ont commise mes soldats et mes charriers est trop grande pour pouvoir être rapportée.

Voyez, Amon m'a donné la victoire alors que j'étais sans mon infanterie et ma charrerie ; j'ai permis que chaque contrée lointaine puisse contempler ma force et ma vaillance, alors que j'étais seul, aucun chef ne m'accompagnant, ni un charrier, ni un officier d'infanterie, ni même un porte-étendard. Les contrées qui m'ont vu rediront mon nom jusqu'au pays les plus lointains que l'on ne connaît pas; car chaque combattant que ma main, parmi eux, avait épargné se retournait pour voir ce que je faisais. Lorsque j'attaquais des millions d'entre eux, leurs jambes perdaient de leur fermeté et ils s'enfuyaient; ceux qui tiraient dans ma direction, leurs flèches s'éparpillaient quand elles s'approchaient de moi.

Menna, héros malgré lui

Lorsque Menna, mon charrier, eut vu qu'une grande multitude de chars m'encerclait, alors il se sentit faiblir, son coeur devint lâche et une très grande frayeur pénétra en son corps. Il dit alors à Ma Majesté : O mon seigneur parfait, prince de la vaillance, grand protecteur de l'Egypte au jour du combat, nous sommes là, seuls, au milieu des ennemis ; vois, l'infanterie et la charrerie nous ont abandonnés. Ah! Pourquoi demeures--tu là, pour qu'ils enlèvent les souffles [nécessaires] à notre bouche ? Permets que nous soyons saufs, sauve-nous, ô Ousermaâtrê-Sétepenrê !" Alors Ma Majesté lui dit : Affermis-toi ! Affermis ton coeur, mon charrier ; je vais charger les ennemis, tel le faucon qui fond [sur sa proie]. Je vais tuer, massacrer, terrasser. Que sont devant toi ces Asiatiques, (que peuvent-ils) contre Amon, ces lâches qui ne connaissent pas Dieu ? Mon visage ne pâlira pas (de crainte), même devant des millions d'entre eux."

Sa Majesté, alors, part rapidement en avant, charge vivement au coeur de l'ennemi, à six reprises. "Je suis comme Baal, en son heure de puissance. Je les tue, n'en négligeant aucun." Le retour de l'armée repentie. Sa Majesté Vie-Santé-Force rappela son infanterie et sa charrerie, de même que leurs chefs qui avaient refusé le combat, et il leur parla "Lorsque mon infanterie et ma charrerie virent que j'étais comme Montou, puissant et fort, que mon père Amon était avec moi pour (cette) action et qu'il transformait tous les pays étrangers en paille devant moi, alors ils revinrent un par un, au temps du soir, se rapprochant du camp. Ils découvrirent tous les (combattants des) pays étrangers que j'avais chargés, gisant, abattus sur le sol, dans leur sang ; c'étaient les meilleurs guerriers du Hatti, les fils et les frères du prince. J'avais fait que blanchisse la terre du pays de Kadesh, et l'on ne savait plus où marcher auprès de leur multitude.

Alors mes soldats vinrent pour adorer mon nom, lorsqu'ils virent ce que j'avais fait ; mes officiers s'avancèrent, exaltant ma puissance ; ma charrerie de même glorifiait mon nom : Ô guerrier parfait, au coeur ferme, tu as sauvé ton infanterie et ta charrerie. Tu es le fils d'Amon, qui agit de ses mains. Tu as défait le pays du Hatti, grâce à ta force et ta vaillance. Tu es un combattant parfait, sans pareil, un roi qui se bat devant ses soldats, le jour de la bataille. Ton courage est grand, tu es le premier dans la mêlée. Tous les pays, réunis en un seul, n'ont pu t'affliger. Tu remportas une grande victoire devant ton armée, en présence de la terre tout entière - et ce n'est pas là dire une vantardise -. Ô protecteur de l'Egypte, dompteur des pays étrangers, tu as brisé les vertèbres du Hatti pour toujours. "

Sa Majesté dit à son infanterie, à ses officiers, de même qu'à Sa charrerie: " Que vous est-il donc arrivé, mes officiers, mon infanterie, ma charrerie que vous ayez refusé le combat ? Est-ce qu'un homme n'est pas magnifié dans Sa ville, lorsqu'il revient après s'être conduit comme un brave devant son seigneur royal ? On acquiert un bon renom en combattant ; un homme est d'abord respecté en fonction de sa puissance. N'ai-je pas fait du bien à chacun d'entre vous, alors que vous m'avez abandonné, seul, au milieu des ennemis ? Combien il est heureux, vraiment, que vous viviez encore, vous qui respiriez les brises pendant que j'étais seul. Vous ne pouvez certes pas ignorer en vos coeurs que je suis votre mur de cuivre ! Que dira-t-on lorsque l'on entendra que vous m'ayez abandonné, me laissant seul, sans compagnon, et que n'est venu vers moi ni un officier, ni un porte-étendard, ni un commandant, qui ait placé sa main avec la mienne?

Le voeu de Ramsès

J'ai combattu et j'ai marché, seul, contre des millions de pays. J'étais sur "Victoire-dans-Thèbes" et " Mout-est-satisfaite", mes deux grands coursiers. C'est eux que j'ai trouvés pour me porter secours, alors que, seul, je combattais des pays nombreux. A l'avenir, c'est moi qui les nourrirai de leur fourrage, chaque jour, lorsque je serai dans mon palais ; car ce sont eux que j'ai trouvés lorsque j'étais au milieu des ennemis, ainsi que mon charrier Menna, mon porteur de bouclier et les serviteurs du palais qui étaient à mon côté. Mes témoins au combat, voyez, je les ai trouvés. Maintenant, Ma Majesté peut se délasser, grâce à sa vaillance et à sa victoire, ayant terrassé des centaines de milliers, rassemblés par son bras puissant. "

Deuxième jour de bataille

"Lorsque la terre blanchit, je disposai les soldats en vue du combat. J'étais prêt à la bataille, tel un taureau impatient. Alors, je me levai contre eux, semblable à Montou, bien pourvu, cette fois, de soldats et d'hommes vaillants. Je pénétrai dans la mêlée, me battant, comme un faucon qui fond (sur sa proie). Le serpent de mon front terrassait pour moi les ennemis; il plaçait sa chaleur, telle une flamme, dans le visage des adversaires ; j'étais comme Ré quand il resplendit à la pointe de l'aube, et mes rayons consumaient les corps des rebelles. Chacun d'eux criait à son compagnon : "Gardez-vous! Protégez-vous! Ne vous approchez pas de lui ! Voyez, c'est Sekhmet la grande qui est avec lui, elle est auprès de lui sur ses chevaux et sa main est avec la sienne." Quiconque marchait pour s'approcher, la chaleur de la flamme venait briser son corps. Alors, ils se tinrent éloignés, touchant le sol avec leurs mains, devant moi. Ma Majesté s'empara d'eux, je les tuai, il n'en resta aucun. Ils gisaient renversés devant mes chevaux, étendus sur le sol, abattus, en un monceau unique, dans leur sang.

Armistice

Alors le vil prince du Hatti dépêcha (un messager) pour honorer mon nom, à l'égard de celui de Rê, disant : Tu es Rê-Horakhty, tu es Soutekh à la grande puissance, le fils de Mout, tu es Baal lui-même, et la terreur de toi habite le pays du Hatti, tu as brisé les vertèbres du Hatti, pour l'infinie durée et l'éternité. Il dépêche donc un messager, chargé d'une lettre de sa main, (adressée) au grand nom de Ma Majesté, afin de rendre prospère la Majesté du palais de Rê-Horakhty "Taureau puissant, aimé de Maât" : "O souverain, protecteur de son armée, vaillant grâce à son bras puissant, muraille pour ses soldats le jour du combat, roi de Haute et Basse Egypte, prince de la joie, seigneur du Double Pays "Ousermaâtrê-Sétepenrê", fils de Rê, lion, maître de la puissance, Ramsès-aimé-d'Amon doué éternellement de vie, le serviteur que voici parle, afin de faire Savoir que tu es le fils de Ré, issu de son corps, et qu'il t'a donné tous les pays réunis en un seul. Le pays d'Egypte et le pays du Hatti sont tes serviteurs, ils sont sous tes pieds ; Ré, ton père auguste, te les a donnés. Ne sois pas violent envers nous. Vois, ta gloire est grande, et ta puissance est lourde sur le pays du Hatti. Serait-il bon le massacre de tes serviteurs, ton visage furieux étant parmi eux, sans pitié ? Vois, tu es venu hier et tu as tué des centaines de mille; tu es revenu aujourd'hui, et tu n'as pas laissé d'héritiers. Ne rends pas tes paroles trop sévères, ô roi victorieux, la paix est plus utile que la guerre, donne-nous les souffles (de la vie).

Alors Ma Majesté se reposa- en vie et force ; j'étais comme Montou, en son heure, lorsque l'assaut est passé. Je fis en sorte que soient amenés tous les chefs de mon infanterie et de ma charrerie et tous mes officiers, qui furent rassemblés en un lieu unique, et je leur laissai entendre le projet (de paix) qui m'avait été envoyé et les paroles à moi adressées par le vil prince du Hatti." Ils répondirent, disant à Sa Majesté Vie-Santé-Force : "O souverain notre seigneur, la paix est très bonne ; il ne peut y avoir de reproche (à ton égard) à propos d'une paix que tu signes ; mais qui peut te résister au jour de la colère ?"

Retour victorieux

Sa Majesté ordonna donc que l'on écoutât ses paroles, et il partit en paix en direction du sud. Il revint en paix vers le Pays Bien-Aimé avec son infanterie et sa charrerie ; toute vie, stabilité et force étaient auprès de lui, les dieux et les déesses assurant la protection magique de son corps. Il avait repoussé tous les pays à cause de la crainte qu'il inspire, tandis que sa puissance avait protégé son armée. Tous le pays étrangers louaient et acclamaient son beau visage.

Sa Majesté arriva en paix au Pays Bien-Aimé, à la ville (appelée) "Maison-de-Ramsès-aimé-d'Amon ", dont la victoire était grande. Il se reposa dans son palais, appartenant à la vie et à la force, semblable à Rê dans ses deux horizons; les dieux de ce pays (venaient) à lui en lui rendant hommage, disant : "Bienvenue, notre fils, notre aimé, roi de Haute et Basse Egypte Ousermaâtrê-Sétepenrê, fils de Rê, Ramsès-aimé-d'Amon, doué de vie." Ils lui donnèrent des millions de jubilés, éternellement, sur le trône de Rê, toutes les terres égyptiennes et tous les pays étrangers étant prosternés sous ses sandales.

Colophon

Cet écrit fut rédigé en la neuvième année de règne, le deuxième mois de la saison Chemou, pour le roi de Haute et Basse Egypte "Ousermaâtrê-Sétepenrê" Vie-Santé-Force, le fils de Rê" Ramsès-aimé-d'Amon " Vie-Santé-Force... doué de vie pour l'éternité et l'infinie durée, comme son père Rê grâce au travail du Supérieur des Archives, Ameneminet, du scribe du Trésor du palais royal, Amenemouia, du scribe du Trésor du palais royal... Fait par Pentaour.

Le traité de paix

le traité que le grand maître du Hatti, le héros , fils de Moursil, le grand maître du Hatti, le héros, petit fils de souppilouliouma, le grand maître du Khatti, le héros, fit rédiger sur une tablette d'argent pur Ousermaâtrê Sétepenrê (Rmasès II), le grand roi d'Egypte, le héros, fils de Menmaâtrê, le grand roi d'Egypte, le héros . Ce traité de paix et de fraternité honnête, qu'il donne la paix et la fraternité entre nous, grâce à ce traité entre le Hatti et l'Egypte pour l'éternité !

le grand maître du Hatti ne violera jamais la terre d'Egypte pour la piller. Ousermaâtrê Sétepenrê, le grand roi d'Egypte n'envahira jamais la terre de Hatti pour la piller.

Si un ennemi quel qu'il soit attaque les territoires d'Ousermaâtrê Setepenrê le grand roi d'Egypte, et que ce dernier envoie son messager au maître due Hatti pour lui dire : « viens à mon secours et marchons contre lui », le grand maître du Hatti viendra et massacrera l'ennemi.

Si un homme important s'enfuit du pays d'Egypte et arrive dans le pays du grand maître du Hatti, ou dans une ville ou dans une région qui appartiennent aux possessions de Ramsès aimé d'Amon le grand maître de Hatti ne doit pas le recevoir. Il doit faire ce qui est nécessaire pour le livrer à Ousermaâtrê Sétepenrê, le grand roi , son maitre...

Article écrit par Myriam


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