Les limons (=matières en suspension) du Nil
Le Nil est réputé pour ses limons, fertilisant toute la vallées du Nil lors des crues. Les limons sont des sédiments en suspension, dissous dans l’eau du Nil.
Sur le Nil moyen et inférieur, la proportion de substances dissoutes dans l'eau courante varie selon les saisons : maximale d'avril à juillet, minimale en août-septembre, elle évolue en sens inverse du débit. Si la teneur en calcium (comprise entre 20 et 26 p. 1 000) et en magnésium (entre 7 et 11 p. 1 000) change peu au cours de l'année, par contre celle des bicarbonates, qui représentent 75 p. 100 des substances dissoutes, évolue dans des limites plus larges (entre 100 et 168 p. 1 000 selon les mois), tout comme celle du sodium (entre 8 et 37 p. 1 000) et du chlore (de 3 à 22 p. 1 000). La présence de sodium en quantités non négligeables dans les eaux d'arrosage empruntées au fleuve entraîne, sous un climat à tendances arides, un risque de développement de la salure réitérative des sols.
Outre les substances dissoutes, les eaux du Nil transportent des matériaux en suspension : le limon nilote. Le débit solide du fleuve, tout en étant imposant dans l'absolu - 57 millions de tonnes par an au Caire, soit près de 20 t/km2 de bassin - reste de beaucoup inférieur à celui des autres grands fleuves du monde tropical sec. L'essentiel du transport intervient durant la période des hautes eaux, la charge s'abaissant de 1,6 kg/m3 en septembre à 0,023 kg/m3 en juin. Parmi les matériaux transportés, le sable, qui roule sur le fond, n'existe qu'en petites quantités, tandis que limons (25 p. 100 de la charge solide) et argiles (62 p. 100) se répartissent de manière égale dans toute la masse de l'eau courante.
De Khartoum à la mer, la charge solide du Nil diminue régulièrement, surtout après Assouan, les sables se déposant les premiers. Les particules les plus grossières s'accumulent au fond du lit comme au long des berges qu'elles exhaussent, tandis que les éléments les plus fins restent prisonniers des champs irrigués dont ils renouvellent la fertilité. La plupart des matériaux en suspension proviennent de la décomposition des roches volcaniques et métamorphiques du haut bassin et c'est pourquoi l'analyse chimique met en évidence la prépondérance, parmi eux, de la silice (50 p. 100) et de l'alumine (20 p. 100).